On le connaissait président des riches. On constate qu’il s’attache désormais à assumer son rôle en majesté.
M. Macron recevait en effet à Versailles ce 22 janvier plus de 140 PDG étrangers, le gratin des premiers de cordée mondiaux, ceux de ces géants qui cherchent à échapper au fisc comme Google ou Amazon, ou ceux des vampires de la finance Goldman Sachs ou JP Morgan.
Ce petit monde filera ensuite dans la très cossue Davos, piolet à la main, accompagné du roi des riches qui y livrera un nouveau discours pour s’autoproclamer, pince-sans-rire, chantre d’une « régulation équitable ».
C’est pourtant cette compétition à tout crin qu’il a tenue à célébrer dans le faste de Versailles, le jour même où l’ONG Oxfam rendait un rapport mettant en évidence l’explosion des inégalités et la captation indécente par quelques uns de la richesse produite par le grand nombre : en 2017, 42 personnes détiennent autant que la moitié de l’humanité, les 1 % les plus riches se gavent de 82 % des richesses créées, quand les milliardaires ont augmenté en un an leur fortune de 762 milliards de dollars.
En annonçant que la réunion des culottes dorées serait désormais reconduite chaque année à Versailles, M. Macron n’agit pas autrement que la royauté dont il se revendiquait il y a quelques mois dans le journal La Tribune : « Dans la politique française, cet absent est la figure du roi, dont je pense fondamentalement que le peuple français n’a pas voulu la mort » disait-il. M. Macron reprend désormais à son compte les méthodes de ceux dans les pas desquels il entend placer son chemin : donner à voir le luxe comme dérivatif à la souffrance populaire et détourner le regard des Français des 2400 suppressions de postes annoncées mardi chez Carrefour au profit des 2200 emplois, sur cinq ans, qu’envisagent les 140 entreprises (!) conviées à Versailles.
La méthode Macron éprouve ses limites. Elle n’est pas un équilibre. Elle a un coût économique et laisse une dette sociale. Bref elle est orientée au service des puissants.
À l’heure où M. Macron s’interroge sur le prix de la démocratie parlementaire, lui qui considérait en 2015 dans le journal Le 1 que « la démocratie comporte toujours une forme d’incomplétude car elle ne se suffit pas à elle-même », on est en droit de s’interroger sur le prix de cette petite sauterie de cour versaillaise avec les grands de ce monde ? Que l’oligarchie ne pouvait-elle festoyer à l’Elysée, palais présidentiel ? Trop républicain sans doute. Entretenir les gabegies du roi et de la cour avait déjà en son temps un coût faramineux. Ce n’est certes pas un 22 janvier mais la veille que les Français avaient décidé d’y mettre définitivement fin.
François Cocq