Le moment où ça se voit

pARTAGEZ

Macron 14 juillet

Nul ne peut préjuger de ce que sera l’année politique de M. Macron. La déception et la colère devant le renoncement à construire un monde meilleur mettront-elles le feu à la plaine ? Ou faudra-t-il attendre 2019 pour qu’elles se manifestent dans les urnes à l’occasion des élections européennes ? Toujours est-il qu’en attendant, la politique de M. Macron prend corps et se matérialise en ce début d’année.

Le Président avait fait le choix de se placer dans les limbes pour être inatteignable. D’un côté il se couvrait en rabâchant qu’il faisait ce qu’il avait dit qu’il ferait dans son programme. De l’autre il proclamait qu’il fallait attendre pour pouvoir le juger sur pièces. Pas vu, pas pris, M. Macron s’était créé sa zone de confort.

Alors on a attendu. Et il n’a pas fallu trop patienter. Car cette rentrée nous donne à voir de la manière la plus concrète qui soit les effets dévastateurs sur le quotidien. On n’est plus là dans l’analyse de texte, on constate.

Les ordonnances sur le droit du travail ? Le 8 janvier, PSA annonçaient utiliser la rupture conventionnelle de contrat collective instituée par la nouvelle loi pour déguiser un plan de licenciement et supprimer 1300 postes. Pimkie promettait de faire pareil avant de devoir reculer. Mais déjà c’est Carrefour qui annonce vouloir user du même artifice pour un plan de licenciements low cost.

La réforme de l’université ? Celle-ci n’est pas encore revenue à l’Assemblée pour sa seconde lecture que le ministre Blanquer annoncçait le 3 janvier la mise en place du bac modulaire, complément indispensable pour casser le cadre national et organiser le tri social : un bac à la carte, largement en contrôle continu, qui ne correspond plus à un premier grade universitaire et au sésame qui déclenche le droit de s’inscrire à la fac.

La réforme de l’assurance chômage ? Le gouvernement a prévenu : il abandonne le principe constitutionnel de droit au travail pour rendre chaque demandeur d’emploi comptable de sa propre recherche d’emploi en devant lui -même justifier mensuellement de son action pour trouver un travail. Jungle de l’individualisme compétitif et renversement de la charge de la preuve, le travail n’est plus un droit, c’est un devoir quand bien même rien de convenable ne vous est proposé.

La souveraineté peuple ? Balayée par sa fragmentation façon puzzle. Hollande avait instauré avec la loi NOTRe le principe d’expérimentation local pour les régions ? M. Macron a signé le 29 décembre le décret n° 2017-1845 relatif à l’expérimentation territoriale d’un droit de dérogation reconnu cette fois aux préfets du Lot, du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Creuse ainsi que le représentant de l’Etat à Saint-Barthélemy et à Saint-Martin. Au programme la possibilité pour eux de prendre des décisions non réglementaires relevant de sa compétence en matière d’aménagement du territoire et de politique de la ville, d’environnement, de construction, de logement et d’urbanisme, d’emploi et d’activité économique, d’activités sportives, socio-éducatives et associatives. De faire ce qu’ils veulent en dehors du droit commun en somme.

Là, ça commence à se voir. Ca commence même à se ressentir. Et finalement peut-être à sentir le roussi. L’année 2018 n’est pas écrite.

François Cocq

Dernières actualités

Rechercher