Dépenses publiques : L’article le plus contradictoire - #JLMDesintox

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Guillaume Duval, très fin analyste lorsqu’il s’agit de la dépression européenne ou du « modèle allemand », sombre malheureusement dans la caricature avec cet article. Il n’a sans doute pas pris le temps de consulter en détail le programme, d’effectuer lui-même les simulations avec les logiciels économiques de modélisation, ni d’écouter les cinq heures de chiffrage du programme.

D’abord, il prétend que nous porterions à 64% du PIB les dépenses publiques. Ce qui est faux, puisqu’elles atteindront 59% après cinq ans de mandat (173 milliards d’urgence sociale et écologique, pour 190 milliards de recettes par an au moins – sans compter l’audit de la dette et certaines niches fiscales difficiles à évaluer). Sans doute se trompe-t-il sur une question mathématique de base, en rapportant les nouvelles dépenses à l’ancien PIB. Mais lorsqu’on dépense plus, le PIB augmente en conséquence… Bref, dans tous les cas, la France atteindra le niveau de pays tout à fait remarquables dans leurs infrastructures, comme le Danemark et la Finlande.

Mais ce chiffre n’est pas un critère pour juger un programme : deux pays peuvent avoir des « dépenses publiques dans le PIB » très différentes selon qu’ils ouvrent des crèches (dépense publique) ou qu’ils organisent un crédit d’impôt (manque à gagner de la fiscalité). Ainsi, 1000€ investis seront dans le premier cas comptés en « dépense publique dans le PIB », et pas dans le second cas ! En plus, les dépenses publiques ne sont pas une « part » du PIB. Car lorsqu’on additionne ce que dépensent la puissance publique, les ménages et les sociétés, le tout excède largement le PIB. En effet, certaines dépenses sont décomptées à plusieurs reprises. Ainsi, lorsqu’une cantine achète du pain, elle compte le prix du pain dans sa dépense. Mais la boulangerie concernée aura elle aussi compté le prix de la farine dans ses dépenses. On retrouve donc plusieurs fois les mêmes dépenses, et dans l’absolu, les dépenses publiques pourraient parfaitement dépasser le PIB. Pour citer M. Duval lui-même, « si le Cice [Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi] était transformé en une baisse des cotisations sociales, les dépenses publiques diminueraient comme par magie d’une trentaine de milliards d’euros par an sans que cela ne change rien. » (http://​www​.alternatives​-economiques​.fr/​1​0​0​-​m​i​l​l​i​a​r​d​s​-​d​e​-​d​e​p​e​n​s​e​s​-​p​u​b​l​i​q​u​e​s​/​0​0​0​5​0​787). Pourquoi prête-t-il aujourd’hui attention à des indicateurs qu’il nous a appris à relativiser ?

Monsieur Duval critique aussi les 100 milliards du plan d’investissement. On aimerait savoir comment il compte reconstruire les infrastructures vieillissantes ou entamer une transition écologique digne de ce nom – autant d’investissements qui permettent au secteur privé de se développer aussi.

Même en approchant les 100% de dette publique, la France restera derrière les USA ou le Japon en endettement public. Mais surtout, nous comptons bien faire baisser la dette publique : en relançant l’économie (100 milliards d’investissement, ce sont des dizaines de milliards de recettes chaque année, en impôts et en taxes), en luttant pour un rachat des dettes souveraines par la Banque centrale européenne, en générant quelques points d’inflation (en-dessous de 5%), en réformant la fiscalité pour faire contribuer les hauts revenus (au-dessus de 6000€ net par mois), et en lançant un audit citoyen afin d’identifier la proportion de la dette qui est absurde – celle qui consiste juste à emprunter pour rembourser ! Il est dommage qu’un journaliste pourtant prompt à déclarer qu’il « en a marre de cette Europe-là » cogne sur le seul candidat résolu à se battre pour réorienter l’Union européenne.

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