“Nous souhaitons que vous rétablissiez une voix forte de la France pour la paix, une voix indépendante et alignée sur aucune puissance.” - courrier de Manuel Bompard, coordinateur de la France insoumise, au Président de la République, à la veille de son déplacement en Israël.
Monsieur le Président de la République,
Le 7 octobre dernier, Israël a subi l’attaque la plus meurtrière sur son sol depuis 75 ans. Avec plus de 1 400 morts et 5 000 blessés, l’attaque du Hamas fut d’une violence inouïe. La France compte 30 victimes parmi elles et plusieurs otages. Depuis lors, la riposte de l’armée israélienne sur Gaza a fait plus de 4 000 morts et près de 15 000 blessés. L’écrasante majorité de ces victimes sont des civils dont de nombreux enfants.
Quels qu’en soient les auteurs, les crimes de guerre doivent être condamnés sans réserve. Qu’elle soit israélienne ou palestinienne, une mort est toujours une mort de trop.
Monsieur le Président, ce mardi 24 octobre, vous serez présent en Israël. Nous croyons que vous pouvez sur place inverser le résultat désastreux de la visite de la présidente de l’Assemblée nationale et des propos qu’elle y a tenu. En indiquant que « rien ne doit empêcher Israël de se défendre », en légitimant les bombardements indiscriminés contre les civils palestiniens, elle y a justifié les crimes de guerre commis par l’armée israélienne, dans la continuité de la position de « soutien inconditionnel » qu’elle avait déjà exprimé devant l’Assemblée Nationale.
A ce sujet, les positions défendues par le Président de la Commission des Affaires étrangères lors du débat organisé à l’Assemblée nationale sont plus conformes aux positions traditionnelles de la France.
Nous souhaitons que vous rétablissiez une voix forte de la France pour la paix, une voix indépendante et alignée sur aucune puissance.
Celle qui refuse l’engrenage de la violence et garantit le respect du droit international.
Celle qui dénonce la nature criminelle des bombardements et du siège total opérés par l’armée israélienne sur la bande de Gaza, comme elle a dénoncé les atrocités commises par le Hamas.
Celle qui prend position pour un accord de cessez-le-feu immédiat, en proposant comme préalable la libération des otages détenus par le Hamas et la levée du blocus de Gaza par le gouvernement israélien.
Celle qui, comme nous le demandons depuis plusieurs années, prend des initiatives diplomatiques à même d’obtenir la reprise des pourparlers de paix, l’arrêt de la colonisation et la fin de l’occupation israélienne de l’ensemble des territoires palestiniens, et ainsi concrétiser la vision des deux États vivant côte à côte, dans la paix et la sécurité, sur la base des frontières de 1967. Il n’existe pas d’autre base à un règlement définitif et pacifique de ce conflit que celle des résolutions de l’ONU et du droit international.
Dans l’espoir que votre expression sur place redonne à la France le crédit et l’attention que les peuples de la région accordaient à sa parole, soyez assuré de notre considération républicaine.
Manuel Bompard, Coordinateur de la France insoumise, Député des Bouches-du-Rhône
