L’élection en 2017 des 17 députés du groupe insoumis à l’Assemblée nationale a été un événement politique majeur en France. Elle suivait le rassemblement des bulletins de vote de 7 millions de personnes pour le programme l’Avenir en commun. Elle offrait la durée d’une législature pour faire vivre les idées de ce programme au fil des évènements face au pouvoir le plus personnel et le plus violent de la Cinquième République. Notre humanisme écologique et social a pu donner de la voix dans une opposition sans faille.
Une opposition créatrice. Premiers opposants nous avons aussi été premiers proposants. Le groupe ainsi formé était inédit par sa composition. À l’image de la fédération constituée autour du programme dans l’élection présidentiel, il réunit des membres d’horizons politiques très divers : à côté de militants associatifs, des membres du Parti de gauche, d’Ensemble, des communistes ont travaillé au coude à coude. Le défi posé en juin 2017 était de tenir le choc de cinq années de travail parlementaire dans une position d’opposition minoritaire. Ce n’était pas gagné d’avance.
Avant l’élection, tout le monde était occupé par ses activités d’aide-soignante, de conseiller
EDF, de bibliothécaire, de responsable associative, de journaliste, etc. Le groupe de la France insoumise a aussi apporté cela : la fierté pour les milieux populaires d’avoir les leurs pour les représenter à l’Assemblée nationale. Les arrogantes et médiocres moqueries de députés macronistes gonflés au mépris de classe contre la « députée bac - 2 » ou le « député call center » n’ont jamais entamé notre fierté. Au contraire elles ont renforcé l’identification avec nous de milliers de gens. Notre ligne de conduite fut d’abord de cultiver ce lien si important. C’est celui qui se produit lorsque les oubliés, les méprisés, les invisibles accèdent à la lumière de la représentation politique. Ordinairement, toutes les scènes et arènes où le débat politique officiel s’organise, hémicycles et plateaux télévisés,
effacent les classes populaires et leurs préoccupations. C’était la première injustice à briser. Ce qui a souvent été décrit comme des « coups d’éclats » des députés insoumis
visait précisément à cela. Les commentateurs n’ont pas compris à quel point pour beaucoup de gens, voir dans l’Assemblée le paquet de pâtes qu’ils ne pourraient plus acheter avec la baisse des APL ou entendre une aide-soignante parler crûment du quotidien dans les EHPAD était décisif. Car avec la visibilité retrouvée peut s’enclencher un cercle vertueux : le peuple est de retour en politique. Voilà notre façon d’être députés. Nous avons fait nôtre la phrase de Maximilien Robespierre, quand à la question qu’il lui était adressée de savoir s’il se prenait pour le « défenseur du peuple » il répondit « je suis du peuple, je n’ai jamais été que cela, je ne veux être que cela ; je méprise quiconque a la prétention d’être quelque chose de plus ».
Cette brochure présente, secteur par secteur, le bilan de notre opposition aux années Macron vues depuis l’Assemblée nationale. Nous honorons ainsi une partie importante de notre mandat : celle de rendre des comptes réguliers devant le peuple de notre activité. Ce n’est pas la première fois que nous le faisons. Depuis 2017, nous avons publié de nombreux rapports, brochures, explications des lois du régime macroniste et de notre combat contre elles. Nous avons, dans nos circonscriptions et dans toute la France participé à des centaines de discussions, de réunions et de mobilisations avec des associations, des syndicalistes, des militants écologistes. Sur chaque sujet qui venait devant nous, nous avons tâché d’aller chercher nos informations et nos propositions auprès de ceux qui étaient en première ligne. Plusieurs des propositions de loi déposées ont même été écrites directement par des citoyens dans des ateliers des lois organisés partout dans le pays. De toutes les manières, nous avons construit et entretenu un lien entre notre activité au sein de l’institution parlementaire et la société. « Un pied dedans, un pied dehors », voici comment nous avons combiné l’action institutionnelle et citoyenne : faire rentrer les luttes dans l’Assemblée et faire connaitre dehors ce qui se discutait et était voté dans l’hémicycle.
Les batailles contre la réforme des retraites qui ont rassemblé des millions de gens ainsi que contre la casse du Code du travail ont en été des moments emblématiques. En toutes
circonstances, dans les votes ou dans les luttes, nous sommes restés unis et solidaires.
Mais ici, vous trouverez réunis tous les éléments d’un bilan complet. Il se compose d’abord
de la critique argumentée de l’oeuvre d’Emmanuel Macron. Avant tout, nous avons été
un groupe d’opposition. Nous avons assumé sans complexe ce rôle pour lancer l’alerte,
mobiliser et nous battre contre le démantèlement de l’Etat social et la dérive autoritaire
du régime. Nous l’assumons d’autant plus dans un régime qui a réduit le Parlement à une
simple chambre d’enregistrement et utilisé toutes les armes antiparlementaires : ordonnances, article 49.3, temps de parole réduit pour l’opposition. Mais jamais notre activité ne s’est limitée à cela. Cette brochure recense toutes ces propositions et notre travail législatif en positif. Les chiffres sont éloquents. Nous avons déposé une centaine de propositions de lois et plus de 59 000 amendements. Sans oublier nos rapports de commission d’enquête, de missions d’information et 4 contre-budgets détaillés. 56% des mesures de l’Avenir en Commun sont d’ores et déjà transcrites en propositions législatives prêtes à être appliquées. Bien sûr, pour se rendre compte de la portée d’une telle donnée, il faut se rendre compte qu’une grande partie de l’Avenir en commun ne relève pas du domaine de la loi mais de celui des décrets, des arrêtés ou de la méthode de gouvernement. Jamais sûrement une force politique n’a été aussi prête à exercer le pouvoir que nous le sommes après ce mandat législatif. Bien sûr, toutes ces propositions s’affrontèrent au sectarisme buté des macronistes. Le résultat de nos niches le montre : sur 27 propositions de loi présentées, toutes ont été rejetées sauf une, sur la malbouffe, adoptée après avoir été vidée de sa substance. Mais qu’importe : tout ce travail n’est pas perdu. Il existe en France un programme de rupture dont les conditions d’application ont été amplement réfléchies, travaillées et préparées. Cette brochure montre, dans sa construction, qu’à chaque coup reçu de Macron, nous avons trouvé une réplique constructive. Elle rend possible la construction d’une Union Populaire majoritaire. Elle alimente la discussion autour de propositions concrètes qui réunissent une très grande majorité. Elle montre la crédibilité de l’application de ces propositions. Elle prouve l’existence d’une équipe capable de gouverner tout de suite avec expérience et sérieux.
Les chiffres clés
Le groupe parlementaire insoumis est le groupe le plus actif sur les 12 derniers mois avec 448 interventions en séance en moyenne par député·e. C’est aussi le groupe qui a déposé le plus d’amendements