Alors que Vidal souhaite automatiser la sélection en master, prônons une université ouverte à tou·tes

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Un article des groupes thématiques Jeunesse et Enseignement supérieur et recherche de la France insoumise

À partir de la rentrée 2022, selon une information transmise aux organisations représentatives étudiantes, le gouvernement souhaite mettre en place une plateforme nationale de préinscription en master. Un modèle qui ne manque pas de faire penser à l’instauration de Parcoursup en licence.

Cette plateforme centralisera les candidatures, mais ne créera pas la sélection en master. Celle-ci, instaurée depuis 2016, est déjà bel et bien en place, et c’est sans doute suite à la multiplication des contentieux que le gouvernement s’est décidé à cette annonce. Une annonce de façade, qui ne changera rien à la problématique de base : la sélection en master, actée depuis 2016, s’inscrit dans une logique de fermeture progressive de l’université, et ce en premier lieu aux classes populaires. Si seulement un étudiant sur 10 est un enfant d’ouvriers (alors qu’ils représentent 30% des 18-23 ans), cette quasi-absence des classes populaires dans les facs ne fait qu’empirer au fil des années d’études, leur part se réduisant en master et en doctorat. La sélection en master favorisera les parcours d’étudiants n’ayant pas eu à travailler pour financer leurs études, et n’ayant pas connu la précarité, facteur d’échec.

Cette plateforme va également renforcer l’inégalité entre masters, en renforçant une hiérarchie entre ceux-ci. Cela augmentera les disparités entre titulaires de master, notamment auprès des employeurs : à diplôme pourtant égal, le master d’origine déterminera la valeur donnée au diplôme, comme c’est déjà le cas déjà actuellement pour les diplômes d’ingénieurs. Ainsi, les étudiant·es seront contraint·es, s’ils souhaitent bénéficier du meilleur diplôme, de partir loin, alors même que le gouvernement ne leur donne pas les moyens d’étudier. Pire il se défausse du manque de moyens supplémentaires en Master en affirmant la nécessité de développer l’ « insertion professionnelle » de la Licence. Et pour ceux qui ne pourraient obtenir de place dans ces masters « d’excellence », ce sont leurs années d’études qui ne seront pas reconnues à leur juste valeur. D’autres se retrouveront sans possibilité de poursuite de leur formation après la licence 3, ou devront s’orienter vers le privé, onéreux, et dont une partie des diplômes n’est pas reconnue par l’État.

Face à ces annonces, et face à la situation dramatique créée par l’instauration de la sélection en master, nous revendiquons l’abrogation de la réforme de 2016, le droit à la poursuite d’études, et ce grâce à l’ouverture de nouvelles places dans les universités, en recrutant du personnel et en donnant des moyens adéquats à l’enseignement supérieur et à la recherche. D’autant plus que d’après les chiffres du ministère, il y a beaucoup plus d’étudiants en L3 en droit et SHS (Sciences humaines et sociales) que de places disponibles en M1. Or dans ces disciplines, il est souvent nécessaire d’avoir un diplôme de Master pour prétendre à un métier correspondant à la formation. Qualifier l’ensemble de la population est l’un des objectifs portés par l’Avenir en commun, et cela passe notamment par une université plus ouverte, qui permet à chacun·e, quel que soit son milieu d’origine, de choisir sa formation, et de la poursuivre jusqu’à obtention du diplôme. L’élection présidentielle sera un moment charnière pour l’avenir de l’université, car elle actera le choix entre deux modèles opposés de l’université : un modèle qui donne sa chance à chacun·e, tel que prôné par l’Avenir en commun, ou un modèle élitiste, réservé à une petite minorité.

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