Projet de loi de renforcement des principes républicains : Macron est un tartuffe de la laïcité

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Le 9 décembre, a été présenté en Conseil des ministres un projet de loi dit « de renforcement des principes républicains ». Ce texte est confus dans ses objectifs, puisqu’il s’est déjà nommé « de renforcement de la laïcité », et « de lutte contre le séparatisme » auparavant.
Dans son grand discours des Mureaux du 2 octobre 2020, pourtant, Macron parlait de tout autre chose que de renforcer les principes républicains. Il n’a parlé de que l’islam, du terrorisme islamiste, et d’un projet avec des mesures disparates, allant de la fin de l’enseignement à domicile, à l’organisation des mosquées, en passant par la création « institut scientifique d’islamologie ».

Il ne s’agit pas d’un simple débat de vocabulaire. Car on comprend bien que renforcer les principes républicains, c’est beaucoup plus large que renforcer la laïcité, qui fait partie des principes républicains, et complètement autre chose que lutter contre le séparatisme, concept fumeux inventé par Macron pour ne plus parler de communautarisme.

La République ne reconnaît aucun culte, mais permet la liberté de conscience et de culte

La loi du 9 décembre 1905 organise la séparation des églises et de l’État : le principe qui doit s’appliquer est simple, l’État chez lui, les religions chez elles. Ce qui veut dire que « la République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte » (article 2), ce qui est très connu, mais aussi que « La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l’intérêt de l’ordre public » (article 1).
Ce texte résulte d’un équilibre trouvé en 1905 par le législateur. Il ne s’agissait pas d’instaurer un athéisme d’État, pas plus que d’organiser un État plurireligieux. Mais bien d’une séparation.

Macron veut en réalité revenir sur la loi de 1905 et instaurer une sorte de contrôle par l’État du contenu des religions. Mais c’est le contraire même de la laïcité ! La laïcité prévoit que les religions s’organisent elles-mêmes, l’État n’a pas à se prononcer sur le contenu du dogme, sur la validité d’une option religieuse par rapport à une autre. En revanche, il veille, pour les croyants comme pour les non croyants, au respect de la loi, et les religions ne peuvent pas s’organiser de façon contraire à elle. De la même manière, la République ne reconnaissant aucun culte, ne reconnaît aucune « communauté » religieuse : elle ne reconnaît que la communauté de la Nation, formée par l’ensemble des citoyens qui ont des droits égaux. Elle ne distingue pas les citoyens selon leur religion, et aucun croyant ne peut prétendre représenter une quelconque religion aux yeux de l’État.

La laïcité permet la liberté de culte, c’est-à-dire qu’elle veille à ce que chacun puisse pratiquer son culte librement, que nul ne soit persécuté pour sa religion ou empêché dans l’exercice de son culte, à supposer bien sûr que celui-ci soit conforme à la loi.

Macron refuse que la laïcité s’applique sur tout le territoire

Si Macron voulait renforcer la laïcité, il commencerait par l’appliquer à l’ensemble du territoire de la République. Aujourd’hui, la Guyane vit sous un système religieux datant de Charles X, qui n’a jamais été abrogé ! Ce sont les collectivités territoriales qui paient les prêtres. Il est plus que temps de mettre fin à cette situation.

Les départements d’Alsace et la Moselle vivent quant à eux toujours sous le régime concordataire instauré par Napoléon. Comme les départements avaient été confisqués par les allemands quand la loi a été votée en 1905, à leur réintégration dans la République en 1918, il n’a pas été touché au régime religieux ni alors, ni depuis. Il est plus que temps de revenir sur cette situation et d’étendre la laïcité partout sur le territoire. Mais ça Macron ne le veut pas !

Macron veut saper les principes laïques, tout en prétendant le contraire

Plutôt que renforcer la laïcité, Macron entre dans un délire gallican de contrôle des religions. Une telle dérive est dangereuse et contraire à la laïcité.

Plus encore il veut instaurer une sorte d’idéologie d’État, en imposant aux associations de signer une énième charte des valeurs républicaines. Soit il s’agit d’un gadget inutile, qui est une pure déclaration formelle qui ne veut rien dire que des généralités. Soit il s’agit d’une nouvelle dérive autoritaire : ce serait une atteinte directe à la liberté d’association. Après la loi Avia où le gouvernement prétendait déterminer la vérité et le mensonge, le voilà en train de vouloir restreindre la liberté d’association à son bon vouloir.

Les lois Ferry de 1882 qui instaurent l’école publique, laïque, gratuite et obligatoire, prévoient la possibilité de l’enseignement privé. Lors de son discours des Mureaux, Emmanuel Macron a annoncé avoir décidé d’augmenter les contrôles dans l’enseignement privé hors contrat, ce qui est une bonne chose, mais pas sur le privé sous contrat, à grande majorité religieuse, et qui en manque cruellement. Récemment, des témoignages montraient encore que dans des établissements catholiques privés sous contrats sont diffusés des manuels sexistes et LGBTphobes.

Si Macron veut renforcer les principes républicains, voilà ce qu’il peut faire

  • Il peut commencer par renforcer l’école publique laïque, assurer que dans chaque commune il y ait une école publique qui puisse accueillir les enfants. Abroger la loi Debré et la loi Carle pour libérer l’enseignement privé de la tutelle des finances publiques.
  • Il peut commencer par abandonner ses propres lois, et renforcer les libertés publiques : abandonner la loi sécurité globale, et revenir sur la dérive liberticide de son gouvernement.
  • Il peut prendre des lois pour l’égalité : à commencer par le partage des richesses, revenir sur la suppression de l’ISF, et faire 14 tranches d’imposition sur le revenu, afin que les riches cessent d’échapper à l’impôt.
  • Il peut prendre des mesures pour la fraternité, et rétablir la paix civile dans le pays. Prendre des mesures pour mettre fin aux discriminations qui gangrènent notre pays et sapent l’unité du peuple.

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