J’ai écrit une lettre le 16 juillet 2020 à M. Dupont-Moretti Ministre de l’intérieur afin que Georges Ibrahim Abdallah retrouve enfin sa liberté D’autres élus se sont aussi mobilisés pour mettre fin a cet acharnement politique.
Le 24 octobre, Georges Ibrahim Abdallah, militant communiste et anti-impérialiste libanais, entamera sa trente-septième année de prison sans interruption. Nous lui avons rendu visite à nouveau vendredi dernier en compagnie de Jean-Claude Lacombe, cheminot à la retraite de la CGT, pour un entretien de trois heures à la prison de Lannemezan (Hautes-Pyrénées). Dans le pays dit des « droits de l’homme », qui peut accepter qu’un homme croupisse depuis tant d’années dans les prisons de la République ? La question est directe, elle frappe la conscience mais difficile à ignorer.
Calme et déterminé, l’homme semble indestructible par sa présence et la solidité de ses convictions renforcées au fil des années et des bouleversements du monde. Des câlins et des mots de bienvenue avec une pointe de malice, involontaire sans doute, quand ses premiers mots sont pour nous demander comment nous avons enduré les deux mois de séquestration !
Rappelons que Georges Abdallah a été condamné à la réclusion à perpétuité en 1987 pour complicité de meurtre. Fortement attaché à la défense des Palestiniens alors que les affrontements faisaient rage au Liban et que l’armée israélienne envahissait le sud du pays en 1978 et 1982. Il a participé à la création des Fractions armées révolutionnaires libanaises (Farl), qui ont revendiqué en 1982 l’assassinat en France d’un attaché militaire américain et d’un diplomate israélien, tous deux membres des services secrets respectifs. Georges est alors accusé de complicité.
Ce vendredi dans la salle des visites de la prison, après quelques échanges personnels, Georges Abdallah parle longuement de la situation au Moyen-Orient, des luttes contre le capitalisme partout en crise. En lisant quotidiennement la presse, y compris l’ Humanité, et une écoute assidue des radios internationales, à travers un travail personnel insatiable de documentation et d’analyse, il prend conscience de ce qui se passe dans le monde, des injustices, des trahisons et de la corruption dont des personnes telles comme les Palestiniens ou les Libanais. Et incitent les communistes « à ne pas abandonner pour démasquer partout le rôle des bourgeoisies, à agir au contraire pour structurer ce bloc social porteur de transformations profondes ».
Georges Abdallah est libéré depuis 1999. Une dizaine de demandes de mise en liberté ont depuis été toutes rejetées. Le 21 novembre 2012, le tribunal de détermination de la peine a décidé sa libération. La décision de la Cour d’appel va dans le même sens. Rien ne change. Sous la pression diplomatique persistante des États-Unis (1) et d’Israël, les gouvernements successifs ont refusé d’émettre un ordre d’expulsion alors que les autorités libanaises étaient prêtes à le recevoir.
Les interventions et les efforts pour obtenir sa libération s’intensifient auprès des ministres de l’intérieur et de la justice. Celui de Fabien Roussel pour le PCF, du groupe communiste à l’Assemblée nationale, de la sénatrice Laurence Cohen, des députés Muriel Ressiguier (FI), des parlementaires des Hautes-Pyrénées Jeanine Dubié (PRG), Jean-Bernard Sempastous (LaREM), Maryse Carrère (PRG)… « Sachez que ses soutiens ont tous un impact positif en France mais aussi auprès des autorités libanaises » , assure Georges Abdallah.
Alain Raynal
(1) Dossier Pierre Carles dans le monde diplomatique août 2020.
(2) Écrivez-lui : Georges Ibrahim Abdallah. Écrou n ° 2388 / A221. CP de Lannemezan, rue des Saligues, BP 70166, 65307 Lannemezan.