#PLF2018 Discours de Muriel Ressiguier

pARTAGEZ

Muriel Ressiguier lors de sont discours pour le PLF 2018

« Ce projet de loi écarte d’un revers de main ce principe fondamental qui voudrait que nous ne soyons pas une addition d’individus en compétition mais un collectif uni et solidaire. (…) Nous entrons dans un règne qui vise comme jadis à parachever son hégémonie par l’exaltation des fantaisies des puissants , l’abaissement de citoyens libres et l’écrasement des indigents. »


Le contenu du projet de loi Finances ne nous a guère surpris.

Pour certains adeptes de la calculatrice et de l’argent-roi, il s’agit de compter « ce qui rapporte et ce qui coûte ». Et voici où l’état souhaite faire des économies : l’éducation, la santé, le logement, la sécurité sociale… Or qui peut croire aujourd’hui que les services publics vivent dans l’opulence ? Certainement pas les usagers, les enseignants, ou le personnel hospitalier…

Non, on ne peut pas assimiler le budget de l’État à celui d’une entreprise, car chaque ligne budgétaire aura un impact sur la vie des gens au quotidien.

Nous voilà désormais clairement en marche mais en marche vers quoi ? Vers la fin du code du travail ! Vers la fin de l’Assurance Chômage ! Et probablement vers la fin de la Sécurité Sociale – déjà 22 000 postes supprimés en 10 ans ! Soyons vigilants : une fois que les gens ne cotiseront plus, les assurances privées qui galvaudent le nom de mutuelles, prendront le pas sur le système actuel et tant pis pour ceux qui ne pourront pas se soigner par manque d’argent.

S’il doit y avoir un constat politique de la situation économique de notre pays, c’est bien celui concernant la montée vertigineuse des inégalités. Ce qui ne semble plus choquer grand monde. Le projet de loi de finances écarte d’un revers de main ce principe fondamental qui veut que nous ne soyons pas une addition d’individus en compétition les uns avec les autres, mais un collectif uni et solidaire.

Depuis plusieurs années, la prétendue impossibilité de s’écarter de la feuille de route dictée par Bruxelles, le marasme économique et la dette sont invoqués pour justifier toujours plus de sacrifices. Et ce gouvernement adhère pleinement à cette logique folle. Il suffit de voir le contenu du Projet de Loi de Programmation des finances publiques 2018-2022 et les objectifs qu’il fixe.

En attendant, les dix plus grandes fortunes françaises ont vu leur patrimoine passer de 22,9 milliards à 240,8 milliards d’euros entre 1997 et 2017. Soit une progression de plus de 950% sur la période ! A titre de comparaison, l’indice des prix à la consommation harmonisé n’a augmenté en parallèle que de 35%. Le tout alors qu’une cure austéritaire est imposée au même moment à la dépense publique.

Et rien ou si peu pour les 30 000 enfants qui vivent dans la rue, les plus de 9 millions de pauvres, les 6 millions de chômeurs, le monde rural et agricole, ou les quartiers populaires.

Monsieur Le Maire nous a dit en commission finances : « il est nécessaire d’alléger la fiscalité sur le capital  » et Monsieur Darmanin a ajouté le même jour que : ce « budget est celui du pouvoir d’achat »…

Cette fois-ci, dans la boîte il y a un cadeau : le petit livret jaune ! Le fameux « livret du pouvoir d’achat » ! Une belle brochure de 11 pages compilant quelques mesures en faveur du pouvoir d’achat, dont certaines existaient déjà, pour que ceux qui ne sont rien et ne comprennent pas tout ne se sentent pas trop perdus dans les 212 pages du projet de loi de finances. Un bel outil de propagande dans lequel tout le monde semble gagnant !

Dans ce gouvernement on n’a pas toujours le temps de réfléchir, on veut aller vite parce que le temps c’est de l’argent !

On n’a pas le temps de tergiverser car on n’est pas des fainéants !

Alors quand Edouard Philippe intervient en septembre pour dire, je cite, que « nombre de contrats aidés répondent véritablement à des besoins prioritaires et que pour faire face à l’urgence il va falloir les conserver »… d’un côté c’est rassurant puisqu’il revoit sa copie même si c’est insuffisant et de l’autre c’est stupéfiant parce que c’était une évidence.

Autre tour de passe-passe, la suppression progressive de la taxe d’habitation, source de financement des collectivités locales, dont il faut bien sûr revoir les modalités de calcul pour la rendre plus juste, que le gouvernement déguise en restitution de pouvoir d’achat, est en réalité un cadeau empoisonné. Car, le manque à gagner de 13 milliards d’euros rendra plus difficile le financement des écoles, des crèches, des équipements sportifs, ou des transports en communs.

La même logique s’abat sur les régions : le fond de soutien en matière de développement économique de 450 millions est en passe d’être supprimé.

Tout le monde remarque que la politique menée par le gouvernement est concentrée en faveur des plus fortunés.

Ainsi la transformation de l’ISF en Impôt sur la Fortune Immobilière permettra aux 1% les plus riches d’économiser 3,6 milliards d’euros ! Aux oubliettes, la lutte contre l’évasion et la fraude fiscale, la taxe sur les transactions financières infrajournalières, la taxe sur les dividendes…

Le choix est clair, l’économie financière, qui appauvrit les gens et dévaste la planète a de beaux jours devant elle. Exit l’économie réelle.

Aujourd’hui, certains disent : « profitons ». Et demain que diront-ils ? « Sauve qui peut ? ».

Pour conclure, je dirais avec Denis Duclos : « Une métamorphose du libéralisme en autoritarisme s’annonce. Un dispositif de contraintes et de hiérarchisation s’esquisse, analogue à celui des anciens empires. Nous entrons dans un règne qui vise comme jadis à parachever son hégémonie par l’exaltation des fantaisies des puissants, l’abaissement de citoyens libres et l’écrasement des indigents. »

 

 

 

 

 

Dernières actualités

Rechercher